LE CRÉPUSCULE D'UNE IDOLE
07/12/2013
ou l'affabulation freudienne
Michel Onfray
Michel Onfray, cohérent avec lui-même, s'en prend ici à une religion qui, bien plus que les monothéismes qu'il pourfendait dans son Traité d'athéologie, semble avoir encore de beaux jours devant elle. Cette religion, c'est la psychanalyse - et, plus particulièrement, le freudisme. Son idée est simple, radicale, brutale : Freud a voulu bâtir une « science », et il n'y est pas parvenu ; il a voulu « prouver » que l'inconscient avait ses lois, sa logique intrinséque, ses protocoles expérimentaux - mais, hélas, il a un peu (beaucoup ?) menti pour se parer des emblèmes de la scientificité. Cela méritait bien une contre-expertise.
Tel est l'objet de ce travail. Avec rigueur, avec une patience d'archiviste, Michel Onfray a donc repris, depuis le début, les textes sacrés de cette nouvelle église. Et, sans redouter l'opprobre qu'il suscitera, les confronte aux témoignages, aux contradictions, aux correspondances. À l'arrivée, le bilan est terrible : la psychanalyse, selon Onfray, ne serait qu'une dépendance de la psychologie, de la littérature, de la philosophie - mais, en aucun cas, la science « dure » à laquelle aspirait son fondateur. On sera, devant une telle somme, un peu médusé : Freud n'en ressort pas à son avantage. Et encore moins sa postérité qui aura beau jeu de prétendre que si Michel Onfray conteste si violemment la religiosité en vogue chez les archéologues de l'inconscient, ce serait précisément parce qu'il craindrait de contempler le sien. Une « ouverture » biographique, semblable à celle qui précède chacun de ces essais, devance cette objection en racontant comment et pourquoi Michel Onfray a découvert -en vain- cette « science de l'âme » qui n'en est pas une.
Quelques exemples d'assertions que déconstruit Onfray :
- Freud soignait par la psychanalyse : Faux : avec la cocaïne, l'électrothérapie, l'hypnose, l'imposition des mains ou l'usage du monstrueux psychophore. En 1910, ses thérapies constituent une cour des miracles.
- Freud guérissait. Faux : il a sciemment falsifié des résultats pour dissimuler les échecs de son dispositif analytique, car le divan soigne dans les limites de l'effet placebo.
- Freud était un libérateur de la sexualité. Faux : son œuvre légitime l'idéal ascétique, la phallocratie misogyne et l'homophobie.
- etc.
Selon Michel Onfray, « ce livre se propose de penser la psychanalyse de la même façon [...] que les trois monothéismes : comme autant d'occasions d'hallucinations collectives ».
CQFD, à lire avant de contredire...
Le crépuscule d'une idole ou l'affabulation freudienne, Michel Onfray
Grasset éd. 2010, 624 p.
Collection Essais Français
ISBN : 978-2-246-76931-6s
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