Un Témoin en Guyane, écrivain - le blog officiel

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ORPAILLAGE À SAÜL : RIEN N'EST ENCORE GAGNÉ !

28/03/2013
La démocratie n'est pas pour
les confettis de la République...
 
 
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Résumons l'histoire :
 
Par Arrêté du 26 octobre 2012 (paru au Journal Officiel le 11 décembre dernier), Le ministre Montebourg a octroyé à la société REXMA un permis d'exploitation de mines d'or et substances connexes dit « Permis Limonade », du nom de la crique qui constituerait le site, sur le territoire de la commune de Saül, au cœur du territoire guyanais.

Les habitants désapprouvent l'exploitation minière dans un périmètre de 10 km autour du village et demandent l'annulation de ce permis pour la raison que ce permis est contraire :
- au zonage du Schéma Départemental d'Orientation Minière (SDOM),
- aux rapports préalables défavorables des institutions régionales et des services de l'État (DRIRE, DEAL, PAG, PREFECTURE DE GUYANE),
- à l'avis de la quasi-totalité de la société civile guyanaise,
- aux délibérations du Conseil Municipal de Saül des 18/01/05 et 29/01/08 délimitant un périmètre réduit à 10 km autour du village au sein duquel aucune exploitation minière ne pourra se faire,
- au puissant argumentaire développé par les associations de défense de l'environnement, des élus guyanais, et de la communauté scientifique dans son ensemble. Situé à moins de 5 km du village, ce territoire fait partie intégrante du bassin de vie des Saüliens ; sa biodiversité en a fait depuis de nombreuses années un atout pour le développement de l?écotourisme et la valorisation durable de son patrimoine naturel exceptionnel.
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Une lettre ouverte à Monsieur Montebourg
Non, l'orpaillage dans un biotope d'une richesse inestimable, près d'un village dont l'essentiel de l'activité est fondée sur l'éco-tourisme, ne sera jamais une alternative économique viable : écoutez ce qu'en dit la population qui y est massivement opposée, de même que les signataires de cette lettre ouverte.

à Monsieur Arnaud Montebourg,

Ministre du Redressement Productif,

Monsieur le Ministre,

En tant que chercheurs en Ecologie et gestionnaires de l'environnement, nous sommes particulièrement surpris par votre décision d'autoriser une exploitation minière à proximité du village de Saül en Guyane française (Arrêté du 26 octobre 2012, paru au Journal Officiel le 11 décembre dernier).

Mayouri-Nature.jpgNos travaux de recherche, orientés sur les impacts humains sur les écosystèmes aquatiques, nous ont amenés à réaliser différentes études sur l?impact de l'orpaillage en Guyane (projets CNRS, Parc Amazonien, DEAL, ANR). Nous nous accordons sur le fait que les activités d'orpaillage, légal comme illégal, affectent non seulement l'environnement mais également la santé publique.

Nous avons en particulier étudié la biodiversité aquatique autour du village de Saül. C'est donc notre connaissance du contexte local qui nous conduit à souligner plusieurs points plaidant à l'encontre de l'autorisation d'activités d'orpaillage à proximité de Saül.

- La région de Saül est un haut lieu de biodiversité.

Les travaux que nous avons menés en 2011 sur les cours d'eau proches de Saül ont révélé une diversité importante de poissons d?eau douce et des espèces rares ont pu être identifiées. Plusieurs espèces probablement nouvelles pour la science ont été collectées durant cette mission de terrain.

Ces premiers résultats ont été vulgarisés dans un article de la revue Une saison en Guyane et dans le rapport d?activité 2011 du Parc Amazonien de Guyane.

Les activités d'orpaillage ont un impact direct sur la qualité de l'eau des cours d'eau et sur la biodiversité aquatique. Elles mettront très probablement en danger ces espèces rares et peu connues.

De plus, de par sa localisation géographique et sa facilité d'accès, le village de Saül constitue un milieu d'étude sans pareil pour de nombreux scientifiques. Les perturbations environnementales induites par des activités minières compromettront durablement le statut de site de référence de ces écosystèmes. Il sera alors impossible de poursuivre les recherches initiées sur ces cours d'eau et d'assurer un suivi à long terme des changements globaux (tels que le changement climatique par exemple) sur ces écosystèmes.

09-05-22 013- L'éco-tourisme est la principale activité de Saül

Le village de Saül est le seul lieu en Guyane présentant des écosystèmes forestiers quasiment vierges tout en étant facilement accessible grâce à une desserte aérienne quotidienne. Le village de Saül est en cela une vitrine pour le Parc Amazonien Guyane. Depuis plusieurs décennies, ce village s'est construit une solide réputation en termes d'éco-tourisme et la grande majorité des habitants vivent de ces activités (hébergement, restauration, guidage en forêt...) validées et encouragées par la création du Parc National. L'implantation d'un site d'orpaillage à proximité du village va donc à l'encontre de l'image de milieu vierge qui fait la réputation de Saül et la fierté de ses habitants. La baisse de fréquentation touristique consécutive aux activités minières risque donc de mettre en péril l'économie locale et de nuire au développement harmonieux du village.

- L'autorisation d?une exploitation minière va à l'encontre de la volonté locale.
Les habitants de Saül ont à l?unanimité refusé l'installation de toute exploitation minière à proximité du village, tout comme le Parc National qui a donné un avis défavorable à la demande d?exploitation déposée par la société minière REXMA.
Votre décision d'autoriser l'implantation d'un site d'orpaillage à proximité de Saül va donc en l'encontre de la volonté locale. En ce sens, cette décision nous parait contraire à la politique du Gouvernement qui prône une politique concertée et proche des citoyens.

Pour l'ensemble de ces raisons environnementales, économiques et civiques, nous vous demandons, Monsieur le Ministre, de reconsidérer votre décision d'autoriser une activité d'orpaillage à proximité du village de Saül.

Veuillez recevoir, Monsieur le Ministre, nos sincères salutations.

Toulouse, le 10 Janvier 2013.

Liste des signataires :

- Sébastien Brosse, Professeur à l?Université Paul Sabatier de Toulouse, responsable de l?équipe recherche "Ecologie aquatique et changements globaux" du laboratoire Evolution et Diversité Biologique (UMR 5174 UPS-CNRS-ENFA).

- Marina Coquery, Directrice de recherche à l'Irstea de Villeurbanne, Laboratoire de chimie des milieux aquatiques, UR "Milieux Aquatiques, Ecologie et Pollutions".
- Agnès Feurtet-Mazel, Maître de Conférences à l'Université Bordeaux 1, UMR 5805-EPOC.

- Gaël Grenouillet,Maitre de Conférences à l?Université Paul Sabatier de Toulouse, Membre de l?équipe de recherche "Ecologie aquatique et changements globaux" du laboratoire Evolution et Diversité Biologique (UMR 5174 UPS-CNRS-ENFA).

- Christine Lauzeral, Professeur Agrégée à l?Université Paul Sabatier de Toulouse, membre de l?équipe de recherche "Ecologie aquatique et changements globaux" du laboratoire Evolution et Diversité Biologique (UMR 5174 UPS-CNRS-ENFA).

- Pierre-Yves Le Bail, directeur de Recherche à l'INRA de Rennes, membre du Conseil Scientifique du Parc Amazonien de Guyane.

- Régine Maury-Brachet, Ingénieur de Recherche à l?Université Bordeaux 1, coresponsable des programmes CNRS "Mercure en Guyane", UMR EPOC 5805.

- Jean-Marc Roussel, chargé de recherches à l'INRA de Rennes, UMR 0985 "Écologie et Santé des Écosystèmes", Équipe "Conservation et Restauration des Écosystèmes Aquatiques".

- Loïc Tudesque, Assistant Ingénieur au CNRS. Membre de l?équipe de recherche "Ecologie aquatique et changements globaux" du laboratoire Evolution et Diversité Biologique (UMR 5174 UPS-CNRSENFA).

Copie à :

- Madame Delphine Batho, Ministre de l?Écologie, du Développement durable et de l?Energie ;

- Monsieur Hermann Charlotte, Maire de Saül et Président du conseil d?administration du Parc Amazonien de Guyane ;

- Monsieur Jean Paul Goudot, Président de l?association Saülienne de Défense des Consommateurs et pour le Développement Economique de Saül.

 

Entre-temps...

à l'aube de ce nouvel an 2013 les habitants de Saül ont découvert ça :

 

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09-05-21-011.JPGEt depuis... le patron de la société Rexma a comparu devant le tribunal correctionnel le mardi 26 février dernier. Le tribunal a rendu son délibéré le mardi 12 mars : il est condamné à dix-huit mois de prison avec sursis et 10 000 euros d'amende. Une peine assortie d'une mise à l'épreuve avec obligation de rembourser les quatre victimes à hauteur de 902 000 euros.

 Quand on tombe sur ça au beau milieu de la forêt primaire, ça fait drôle. Les jaguars semblent moins dangereux...

 

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28/03/2013
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